Tchad-Turquie:Intervention du PCMT au point de presse conjoint

Excellence Monsieur le Président, Recep Tayyip Erdoğan

Mesdames et Messieurs les Ministres

Je voudrais tout d’abord exprimer, au nom de ma délégation et à mon nom propre, à Votre Excellence, nos sincères remerciements et notre franche appréciation pour votre aimable invitation qui m’a été adressée, pour effectuer une visite officielle dans votre grand pays, la Turquie dont le Tchad, valorise profondément, l’amitié et la coopération.

Aussi, voudrais-je vous adresser, à vous-même, à votre Gouvernement et au peuple turc, notre réelle gratitude et notre sincère appréciation pour l’accueil chaleureux qui nous a été réservé et les marques d’attention dont ma délégation et moi-même, sommes l’objet depuis notre arrivée à Ankara.

De même, je tiens à vous transmettre, Monsieur le Président et Cher Grand Ami du Tchad, la gratitude et la reconnaissance du gouvernement et du peuple tchadiens pour la marque de solidarité et de compassion dont vous aviez fait montre à leur endroit, suite à la disparition du Maréchal du Tchad, IDRISS DÉBY ITNO, en dépêchant une délégation de haut niveau à ses obsèques.

A cet égard, il me plaît de rappeler que vous êtes le premier Chef d’État à m’appeler pour compatir avec nous. J’ai été profondément touché par ce geste qui traduit la sincérité et la profondeur de votre attachement au défunt Président. Je vous en suis éternellement reconnaissant.

Je mesure la profondeur des relations développées entre nos deux pays grâce à l’effort conjoint de votre Excellence et de mon prédécesseur, feu IDRISS DÉBY ITNO. Je tiens à vous assurer, Monsieur le Président, de mon engagement à tout mettre en œuvre pour porter encore plus loin cette coopération exemplaire entre nos deux pays et nos deux peuples.

Je profite de cette heureuse occasion, pour me féliciter de l’excellence de la coopération, entre nos deux pays, dont le champ ne cesse de s’élargir et se renforcer davantage à notre grande satisfaction.

Monsieur le Président,

Le Tchad et la Turquie entretiennent des relations séculaires qui remontent au 16ème Siècle. Déjà à cette époque lointaine, la Turquie envoyait des Émissaires et des Ambassadeurs dans les différents royaumes au Tchad. Des vestiges témoignent aujourd’hui, de cette présence historique de la Turquie dans le Tchad profond, à l’exemple du jardin à Abéché, qui porte le nom de « Jardin turc ».

Au cours de récentes décennies, nos relations bilatérales se sont largement diversifiées pour couvrir un large éventail de domaines vitaux. Elles sont aujourd’hui plus que jamais dynamiques, et elles se construisent en adéquation au principe de gagnant-gagnant.

Cette visite qui est une première pour notre personne, revêt une importance majeure, car elle traduit notre ferme volonté de raffermir davantage les liens d’amitié et de fraternité entre nos deux peuples frères, et de donner une nouvelle impulsion à notre coopération bilatérale, dont l’épanouissement est loin d’être épuisé, au regard des potentialités de nos deux pays.

Monsieur le Président,

Entre 1989 et 2019, plus d’une vingtaine d’accords, de protocoles et mémorandums ont été signés. Les domaines couverts par ces accords sont divers et variés. Je cite entre autres : le Transport Aérien, la Défense, les Infrastructures,  la Sécurité, les Technologies, l’Énergie, les Hydrocarbures, la promotion et la protection réciproque des Investissements, l’exemption réciproque de la double imposition en matière d’impôts sur le revenu, l’Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique, la Santé, l’Éducation et la Culture, la Jeunesse et les Sports, les Médias Audiovisuels, la coopération Académique Interuniversitaire, la suppression réciproque de visa pour les détenteurs des passeports diplomatiques, pour ne citer que ceux-là.

Toutefois, près d’une dizaine de ces accords ne sont pas encore entrés en vigueur faute de ratification de part et d’autre. Ces aspects techniques ont fait l’objet des discussions entre nos deux Ministres des Affaires Étrangères réunis en prélude à cette rencontre au Sommet. 

A cet égard, la commission mixte Tchad-Turquie doit se réunir dans les meilleurs délais, pour lever les obstacles et faciliter l’entrée en vigueur de ces accords essentiels pour la redynamisation de la coopération. Cette commission devrait être opérationnelle en permanence en tant qu’un cadre conjoint d’évaluation périodique des engagements pris pour mesurer les faiblesses et les forces de notre coopération.

En tout état de cause, il convient de noter que les avancées dans la coopération sont plus importantes que les difficultés de parcours. L’intérêt de plus en plus croissant, manifesté de part et d’autre, pour étendre le champ de la coopération à de nouveaux domaines en est une éloquente preuve.

Il me plaît à cet égard de saluer l’intention de deux parties de signer, au cours de ma présente visite, de nouveaux projets d’accords portant sur des questions d’intérêt commun. Cette vitalité devrait inciter à explorer toutes les opportunités qu’offre le cadre de coopération entre nos deux pays. Tous les projets d’accord non encore finalisés méritent d’être examinés avec diligence pour être finalisés et signés dans un proche avenir.

Par ailleurs, je me réjouis également des opportunités offertes à des centaines de jeunes Tchadiens pour poursuivre leurs études supérieures en Turquie. Je tiens à vous remercier, Monsieur le Président, pour cet élan de solidarité agissante de votre pays à l’égard du Tchad et de sa jeunesse. 

Monsieur le Président,

Mon pays, le Tchad, recèle d’énormes ressources naturelles non-exploitées et offre d’immenses opportunités d’investissements publics et privés dans les domaines des infrastructures routières, aéroportuaires et de chemins de fer, ainsi que de l’élevage, de l’agriculture et de l’énergie.

L’expertise, le savoir-faire pointu et les capitaux turcs sont sollicités et attendus au Tchad pour mettre en valeur les secteurs précités et accompagner le Tchad dans ses projets de développement.

Dans cette perspective, je voudrais nous inviter tous, de part et d’autre, à faire prendre les dispositions nécessaires pour faciliter l’entrée en vigueur des accords signés sur la promotion et la protection des investissements.

Monsieur le Président,

La crise libyenne a été et reste une source de déstabilisation pour les pays voisins de la Libye et pour le Sahel. L’insécurité généralisée et l’instabilité chronique installées au Mali depuis 10 ans, et l’expansion du terrorisme dans d’autres États membres de la CEDEAO et de la CBLT, sont les conséquences directes de la crise libyenne.

Le Sud de la Libye, devenu une zone de non-droit, constitue un repère des groupes terroristes, des bandes des mercenaires, des éléments armés irréguliers et des trafiquants de drogues, d’armes, des munitions et d’êtres humains.

La violente agression armée dont le Tchad a été la cible entre les 11 et 29 avril dernier, a été perpétrée par des assaillants lourdement armés venus du sud libyen. L’ancien Président, feu IDRISS DÉBY ITNO, a été tué par ces assaillants dont les éléments résiduels ont regagné le sud libyen après leur défaite. La présence de ces mercenaires et des bandes des trafiquants étrangers sur le sol libyen, servant des supplétifs à Khalifa Haftar, constitue une double menace pour la Libye et pour son voisinage.

C’est pourquoi, nous estimons que le règlement de la crise libyenne passe aussi par le retrait de tous les mercenaires et des éléments armés irréguliers du territoire libyen. Mais ce retrait, s’il n’est pas bien encadré et placé sous le contrôle de la communauté internationale, risque d’être une source de nouvelle déstabilisation dans la région.

A cet égard, le Tchad et les autres pays voisins au sud de la Libye, qui plaident en faveur de la mise en place, sous l’égide des Nations Unies, d’un dispositif international d’encadrement de ce retrait, sollicitent le soutien de la Turquie sur cette question. Un tel dispositif comprenant les représentants des pays voisins, pourrait aider à identifier, recenser, désarmer et démobiliser les mercenaires et les éléments armés irréguliers, en vue de préparer leur retour sans menace dans leurs pays d’origine, conformément à des modalités et calendriers bien définis.

Dans cette perspective, le Tchad a déjà mis sur pied un Comté Technique Spécial chargé de prendre attache avec ceux des Tchadiens dans l’opposition armée, renonçant à la violence et au mercenariat, afin de faciliter leur participation au dialogue national inclusif en préparation dans le cadre de la transition politique en cours.

A cet effet, la feuille de route de la transition prend en compte les négociations avec les mouvements politico-militaires, y compris son volet désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), dont le financement est attendu de la communauté internationale. Le Tchad espère compter également sur le précieux soutien de la Turquie dans l’accompagnement de cette transition dans toutes ses différentes étapes allant de l’organisation du dialogue national inclusif en passant par la mise en place d’un cadre constitutionnel, à la tenue des échéances électorales présidentielles et législatives à venir.

Je vous remercie de votre aimable attention.