Message à la Nation du Président de Transition, Président de la République ,Chef de l’Etat Général MAHAMAT IDRISS DEBY ITNO ,à  l’occasion de l’an de la deuxième Phase de la Transition

Tchadiennes, Tchadiens,

Mes chers compatriotes,

Il y a un an, vous me confiez la destinée du pays à l’effet de conduire la seconde phase de la transition. C’était une décision majeure et consensuelle, prise librement, au terme des assises du Dialogue National Inclusif et Souverain.

Cette décision, prise de manière souveraine et qui façonne notre avenir, a posé les jalons d’une gouvernance de transition basée sur le libre choix du peuple.

C’est avec humilité et foi en Dieu le Tout Puissant que nous avons accepté l’immense charge découlant de notre investiture à la tête du pays.  L’immensité de la mission qui nous a été dévolue était évidente, au regard de ce qui venait d’être pris comme résolutions pour la marche du pays.

Oui, conduire une transition dans les conditions tracées par le DNIS, pour tout observateur averti, est un challenge. Un vrai challenge face auquel nous nous sommes mis, résolument, au travail, ne perdant pas un seul instant.

En prêtant serment devant les représentants des forces vives de notre Nation, nous avons pris à témoin l’opinion nationale et internationale sur notre foi en l’avenir de notre pays et sur notre volonté de conduire la transition selon la volonté populaire, exprimée par le Dialogue National Inclusif et souverain.

Depuis, nous avons parcouru du chemin. Le pays est certes passé par des moments difficiles, en raison de la multiplication des défis internes et externes mais il est debout et en marche.

En effet, le processus de la transition dans sa deuxième phase se poursuit comme prévu, conçu et voulu par les participants aux assises du Dialogue National.

Tchadiennes, Tchadiens ;

Mes chers compatriotes.

Célébrer un anniversaire comme celui-ci est loin d’être un moment de réjouissance. C’est avant tout, un moment de rétrospection collective et d’évaluation

Nous devons tous, décideurs et citoyens, évaluer le chemin parcouru en une année. Avons-nous fait ce qu’il fallait ? Avons-nous pris les bonnes décisions ? Y a-t-il des améliorations à saluer ou des manquements à corriger ? Ce sont des questions qui, à notre avis, doivent être posées à l’heure de ce bilan à mi-parcours.

Oui, un bilan s’impose car faire la moitié d’un trajet n’est pas une évolution anodine. Il s’agit d’une étape importante qui appelle un examen profond et sincère. Cet examen doit être critique et objectif pour nous permettre de tirer toutes les leçons et d’apporter les corrections qui s’imposent pour gagner le pari de la refondation.

Nous avons certes mis la barre haute, car il s’agit de tout faire pour rester dans la dynamique du succès obtenu par la première phase de la transition.

Tchadiennes, Tchadiens ;

Mes chers compatriotes.

Au sortir des assises nationales, le premier défi était d’assurer la paix et la stabilité du pays. Dieu seul sait combien, au lendemain même du DNIS, la paix a été sérieusement menacée dans notre pays.

Beaucoup, parmi nous et tout autour de nous, ont voulu faire retomber le pays dans la violence et l’abîme. Mais leur funeste dessein n’a pas pu se réaliser grâce à la clémence du Tout Puissant Protecteur, à la résilience du peuple tchadien et à la vigilance des Forces de Défense et de Sécurité.

Oui, nous n’avons ménagé aucun effort pour barrer la route à ceux qui ont voulu mettre le pays à feu et à sang. Nous avons été fermes face à toutes les dérives, tout en tendant, constamment, notre main envers ceux de nos compatriotes qui veulent s’inscrire dans une logique de paix des braves. Notre politique de la main tendue qui a permis d’obtenir l’historique Accord de Doha, est toujours d’actualité.

Le dialogue, la réconciliation, le pardon, l’amnistie ont constitué une constance dans notre action dans la quête et la consolidation de la paix dans notre pays.

Cette constance a été parfaitement illustrée par des actes concrets posés avant, pendant et après le Dialogue National Inclusif et souverain notamment :

  • L’amnistie des politico militaires signataires de l’Accord de Doha ;
  • La participation des politico militaires aux assises du Dialogue National Inclusif et souverain ;
  • La restitution des biens confisqués pour des raisons politiques ou d’opinion ;
  • La prise en charge des politico militaires pendant et après les assises du Dialogue National Inclusif pour faciliter leur réinsertion sociale ;
  • La participation des politico militaires dans les diverses institutions de la transition.

Au regard de ces actes, le gouvernement du Tchad a pleinement respecté sa part des engagements découlant de l’Accord de Doha.

Le processus d’application de l’Accord paix de Doha était conçu pour se terminer avec la mise en œuvre effective du mécanisme de Démobilisation, Désarmement et Réinsertion (DDR).

La mise en œuvre de la dimension DDR de l’Accord de Doha engage quatre parties qui sont le Gouvernement du Tchad, les politico militaires signataires, les partenaires internationaux et l’État du Qatar, garant de l’Accord.

Malheureusement nous avons été confrontés au silence, à l’absence et à l’indifférence des partenaires internationaux censés être mobilisés sous l’égide de l’État du Qatar, pour jouer leur partition dans l’application des dispositions du mécanisme de DDR.

Le Gouvernement du Tchad, dans une approche visant à sauver cet accord de paix historique, notamment dans sa dimension DDR, a mis sur pied un comité national composé de dix membres du coté gouvernemental et dix membres du côté des Politico militaires signataires pour entamer avec les moyens propres du Tchad l’application du mécanisme DDR.

Aussi, le Gouvernement du Tchad appelle-t-il, toutes les parties concernées, les partenaires internationaux et les pays amis à soutenir ses efforts pour réussir l’application de cet aspect important de l’accord de paix.

Tchadiennes, Tchadiens ;

Mes chers compatriotes.

Nous avons procédé à la nomination d’un Gouvernement d’union nationale. Cette équipe s’est attelée à mettre en place, très rapidement, tous les organes chargés de la mise en œuvre et du suivi des résolutions et recommandations du Dialogue National Inclusif et Souverain.

Du pilotage au contrôle en passant par le suivi-évaluation, toutes les structures ont été mises en place et travaillent à plein régime.

Le Haut Comité de Pilotage, le Comité Technique d’Appui ainsi que le Cadre Indépendant de Suivi et Evaluation des résolutions et recommandations sont tous opérationnels et en train d’œuvrer chacun en ce qui le concerne, pour remplir sa mission.

Ces différents organes ont tous contribué à la mise en place d’un nouveau cadre légal, prenant en compte les décisions du Dialogue National Inclusif et Souverain, dans le sillage du retour à l’ordre constitutionnel.

Des nouvelles lois et des textes contraignants ont été pris. Lesquels ont assaini le cadre des élections qui seront organisées. Des consultations de différents niveaux auront  lieu dans des conditions d’organisation optimales et transparentes pour garantir leur crédibilité.

Cette volonté du peuple tchadien sera respectée à la lettre et j’y veillerai personnellement.

Tchadiennes, Tchadiens ;

Les nouveaux paramètres intégrés par la transition ont donc permis d’obtenir des avancées notoires. Ceux-ci ont conduit à la préparation en cours du referendum constitutionnel.

L’opération de révision du fichier s’est achevée avec succès et bientôt le corps électoral sera convoqué aux fins d’opérer un choix sur la nature de la constitution qui déterminera également la forme de l’Etat.

Je salue à ce propos l’implication remarquable et remarquée des Ministres, Gouverneurs, partis politiques, organisations des jeunes, des femmes, associations de société civile ainsi que tous les démembrements de la CONOREC qui ont permis de dépasser les prévisions par endroit.

Dans la même veine, j’invite mes concitoyens à retirer leurs cartes et à faire preuve de la même sérénité, qui a prévalu jusqu’à là, tout au long de la campagne électorale à venir pour participer de manière ordonnée au référendum.

La gouvernance inclusive et démocratique commence par-là et cette première étape demeure cruciale.

Que cet esprit de tranquillité, qui a caractérisé cette phase, soit érigé en une règle durant tout le processus.  Ce qui va sans doute aider le pays à parvenir à la normalité constitutionnelle dans la paix et la quiétude.

Mes chers compatriotes,

Il vous souviendra également que j’avais pris l’engagement de visiter toutes les provinces du pays et d’échanger sans filtre avec mes compatriotes. C’est chose faite aujourd’hui.

L’exercice a été fastidieux mais il est nécessaire. Il m’a surtout permis de mesurer la température, de toucher du doigt les réalités et d’envisager des solutions aux problèmes les plus urgents.

Des problèmes, il y en a dans le Tchad profond. Cela touche directement le vécu de nos compatriotes et nous ne pouvons pas nous accorder le luxe de tout arrêter à cause de la transition.

Une transition exemplaire est celle qui est au service de la population, celle qui engage des grandes réformes mais qui ne laisse pas de côté des provinces entières. C’est un mouvement d’ensemble, à l’exemple des membres d’un corps humain. 

C’est aussi par une approche pédagogique que j’ai pris le temps d’expliquer les tenants et les aboutissants de cette transition et d’expliquer le niveau de mise en œuvre atteint et les perspectives.

Il est de mon devoir de prendre à témoin le peuple sur la marche du pays. Par ces voyages à l’intérieur du pays, j’ai voulu donner du sens à l’inclusivité du processus.

Mes chers compatriotes,

La transition politique que nous menons dans un esprit de consensus, ne peut réussir que dans une paix réelle et une stabilité palpable. Une paix qui passe nécessairement par la poursuite de la réconciliation nationale.

Les mesures de grâce et le retour des opposants politiques et armés, participent de notre ferme volonté de cimenter le processus de pardon.

Je saisis cette opportunité pour appeler, une nouvelle fois, tous mes compatriotes encore en dehors du pays, quelque soit leur option de lutte, à faire confiance à leur pays.

La garantie d’une paix réelle est également dépendante de la santé de nos Forces de Défense et de Sécurité. La deuxième phase de la transition, a permis aussi de parachever le processus de réforme de la grande muette.

Aujourd’hui, des nouvelles institutions ont vu le jour et s’attellent toutes à trouver les meilleurs accompagnements pour notre Armée, tous les outils nécessaires pour son rayonnement.

Mes chers compatriotes,

Tirer le bilan à mi-parcours de la transition phase 2, c’est aussi parler du Tchad sur la scène internationale.

Notre pays entretient aujourd’hui les meilleurs rapports avec ses amis et brille par sa présence dans toutes les institutions et organisations, qu’elles soient régionales ou intercontinentales.

L’image de notre pays est respectable et respectée et nous devons accorder à notre diplomatie toute l’attention requise pour que l’amitié entre États le soit également entre les peuples.

Dans un contexte bouillonnant, dans notre voisinage immédiat avec des conséquences graves sur notre pays, notre diplomatie doit œuvrer pour un retour de la paix, une denrée vitale dont nos voisins ont tant besoin.

Les différentes crises aux alentours de notre pays, doivent aussi nous amener à nous rendre à l’évidence combien la paix est précieuse, combien elle est vitale pour nous Tchadiens, de préserver ce qu’on a de plus cher.

Nous devons aussi nous serrer la ceinture pour faire face aux conséquences qu’engendrent ces tensions. Car nous tchadiens, nous vivons dans notre chaire, le poids de la présence des réfugiés et des personnes déplacées.

Le tableau de l’an un de la transition, phase 2, est satisfaisant et le pays est dans la bonne direction. Toutefois, nous devons maintenir le cap.

Les objectifs seront atteints et le retour à l’ordre constitutionnel sera garanti. Nous continuerons à œuvrer pour cela avec l’aide de Dieu.

Que Dieu vous Bénisse!

Que Dieu Bénisse le Tchad !

Je vous remercie.