CEMAC : CONFÉRENCE DES CHEFS D’ETAT

Sommet Extraordinaire du 18 août 2021

Intervention du Président du Conseil Militaire de Transition, Président de la République, Chef de l’Etat, le Général de Corps d’Armée MAHAMAT IDRISS DEBY ITN

.Excellence, Monsieur le Président de la République du Cameroun, Président en exercice de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale,
Excellences, Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays membres de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale,
Monsieur le Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance de la République française,
Madame la Directrice Générale du Fonds Monétaire International,
Monsieur le Président du Groupe de la Banque Mondiale,
Monsieur le Président de la Commission de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale,
Monsieur le Gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale, (BEAC)
Monsieur le Président de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale, (BDEAC)
Mesdames et Messieurs les Premiers Responsables des Organes et Institutions de la CEMAC,
Distingués invités,
C’est un plaisir pour moi de participer, pour la première fois, à la Conférence des Chefs d’Etat de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale, notre communauté de destin. 

Permettez-moi d’adresser mes premiers propos à l’endroit de Son Excellence Monsieur le Président PAUL BIYA, Président de la République sœur du Cameroun, Président en exercice de notre Communauté pour le remercier d’avoir pris cette importante initiative de nous réunir afin d’échanger sur les enjeux de l’heure à la CEMAC.


C’est le lieu également de féliciter et de remercier le Président DENIS SASSOU NGUESSO pour le travail accompli et les progrès réalisés sous sa présidence dédiée à la mise en œuvre des réformes économiques et financières.

Je voudrais, ensuite, me réjouir de notre appréciation lucide et courageuse des menaces qui pèsent dangereusement sur nos économies. C’est cette lucidité qui détermine notre volonté commune à renforcer nos capacités actuelles et à en explorer de nouvelles afin de permettre à nos économies de mieux rebondir face aux conséquences multiples de la crise sanitaire et de les remettre sur une trajectoire de croissance durable, inclusive et créatrice d’emplois. 
Excellences Messieurs les Chefs d’Etat,Distingués Invités,

Le Tchad a, de tout temps, apporté sa contribution aux avancées de notre Communauté. Epris de solidarité, convaincu de l’importance cardinale de l’intégration sous régionale pour le développement économique de nos pays, le Maréchal du Tchad avait toujours accordé une très grande considération à notre Communauté. Les idéaux d’intégration sous régionale et continentale qu’il a chéri, promu et défendu toute sa vie, resteront  pour nous, un engagement de tous les instants 


Pour revenir au Sommet qui nous réunit aujourd’hui, je tiens à saluer l’initiative de redonner du souffle à la stratégie communautaire de sortie de crise. Et je tiens surtout à exprimer l’engagement du Conseil Militaire de Transition ainsi que celui du Gouvernement civil du Tchad à respecter tous les engagements sous-régionaux et internationaux pris par le Tchad.

En effet, la Conférence de Yaoundé de décembre 2016, qui avait enclenché la riposte contre la sévère crise liée à la chute des cours du pétrole brut, a permis de jeter les bases des reformes économiques dont les résultats ont été satisfaisants. 


Je voudrais particulièrement saluer la contribution exceptionnelle et déterminante de nos partenaires au développement, au premier rang desquels, le FMI, la Banque Mondiale, l’Agence Française de Développement et la Banque Africaine de Développement, pour ne citer que ceux-ci.

Avec leurs soutiens, les efforts coordonnés des Etats membres et des institutions communautaires, ont contribué à préserver et à consolider la stabilité interne et externe de notre monnaie commune.


Et c’était l’objectif premier du Sommet extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat tenu le 24 décembre 2016 à Yaoundé, au Cameroun.

Excellences Messieurs les Chefs d’Etat,Distingués Invités,

Malgré ces importants progrès, la conjoncture économique de notre sous-région demeure toujours marquée par des fragilités. Celles-ci proviennent, d’une part, de la persistance des défis sécuritaires et, d’autre part, de l’avènement de la crise sanitaire mondiale engendrée par la Covid-19 ainsi que la baisse des cours et de la production pétrolière. 
A ce sujet, je voudrais me féliciter de la qualité de la riposte de nos Etats, de notre conduite des réformes et du soutien de tous nos partenaires. Cependant, le contexte actuel empreint d’incertitudes appelle, comme en 2016, une réaction appropriée, coordonnée et solidaire de notre part. 

Aussi, la stratégie communautaire de programmes de reformes de 2ème génération que nous allons adopter devra être en cohérence avec nos engagements vis-à-vis du Fonds Monétaire International.

Et le Tchad y est bien avancé et apprécie les soutiens du FMI, de la Banque Mondiale, de la BAD et surtout de la France, tant pour ce qui est de la lutte contre la Covid-19, le redressement de nos économies que de la renégociation de notre dette conformément au Cadre Commun du G20.

A ce titre, les principaux piliers de cette seconde génération des reformes qui vise à accélérer la croissance économique et réduire la pauvreté devraient reposer

– Primo, sur la compétitivité, l’attractivité de nos économies et leur transformation en vue d’une croissance durable, inclusive, davantage digitale, pro business et créatrice d’emplois, mettant l’accent sur l’amélioration du climat des affaires,  l’industrialisation, le développement du secteur financier et le renforcement de l’intégration régionale ;

– Secundo, sur la gouvernance du secteur et des services publics, à travers l’amélioration de la gestion des finances publiques et parapubliques, l’accroissement des investissements dans les secteurs de l’énergie verte, de l’eau, de l’agriculture et de l’élevage

– Et tertio, sur le capital humain, par l’accélération des programmes de vaccination anti-covid-19, l’ouverture des économies, le renforcement des politiques et des offres publiques en matière de santé, de formation et d’éducation. 

Pour garantir le plein succès de cette seconde phase de la stratégie communautaire de sortie de crise, j’exhorte fortement, une fois de plus, les Etats membres et les Institutions communautaires, chevilles ouvrières de notre intégration – que je salue – à engager sans délai les réformes les plus pertinentes. 

A nos partenaires techniques et financiers dont les appuis divers ont été déterminants, en particulier l’aide d’urgence contre la Covid-19, les initiatives de suspension et d’allègement des dettes, la mise en place du Cadre Commun du G20 et l’allocation générale des Droits de Tirage Spéciaux d’un niveau sans précédent, j’adresse deux préconisations

 accorder des financements plus conséquents afin d’engager dans les meilleures conditions, une lutte sans merci contre le sous-développement et son corollaire la paupérisation, l’insécurité, le chômage des jeunes et leur exil. 
 prévoir des souplesses dans l’évaluation de la mise en œuvre des programmes économiques, en tenant compte du contexte sécuritaire et macroéconomique sous-régional encore fragile. 

Nous sommes pleinement conscients de la nécessité de faire aboutir les programmes économiques, afin d’envisager sereinement l’émergence de nos économies.


Bien entendu, les Etats continueront de mettre en œuvre également, de leur côté, toutes les mesures visant à améliorer la qualité des dépenses, la mobilisation des ressources domestiques et la promotion de tous les compartiments du climat des affaires, tant en matière de justice, de fiscalité, des conditions du financement du secteur privé que de celui de la réglementation des changes , qui tout en étant d’application rigoureuse doit davantage rassuré et être mieux compris, compétitif et comparable aux meilleures pratiques internationales en la matière.

Excellences Messieurs les Chefs d’Etat,Distingués Invités,

Les reformes structurelles dans lesquelles nous nous engageons sont difficiles. Cependant, dans un environnement mondial de plus en plus compétitif, marqué par une récurrence des crises plus sévères les unes que les autres, nous, Etats membres de la CEMAC, n’avons d’autre choix que de bâtir une résilience fondée sur la transformation de nos économies.

Sur un registre national, permettez-moi à présent de vous entretenir brièvement du déroulement de la transition politique au Tchad.

Sans être long, je puis vous assurer que nous faisons de notre mieux pour assurer la paix et la sécurité du Tchad, nous avons ouvert le champ politique, autorisé les marches pacifiques, mis en place un Gouvernement civil comprenant toutes les forces vives de la nation, tout en étant engagé fermement sur une transition politique de 18 mois.
 Dans ce cadre, les préparatifs du Dialogue National Inclusif – ouvert même aux politico-militaires – sont lancés avec la mise en place d’un Comité Préparatoire de ce Dialogue et l’adoption d’une Feuille de Route du Gouvernement permettra d’organiser de manière consensuelle et réussie des élections libres, transparentes et inclusives dans cette période transitoire.

Pour ce faire, je sais compter sur l’appui des Chefs d’États de la CEMAC et de nos partenaires pour accompagner le Tchad dans cette transition.

Je vous remercie pour votre attention.