Allocution du PCMT à la conférence internationale sur la Libye.

  • Monsieur le Président de la République française ;
  • Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de délégation ;
  • Monsieur le Secrétaire Général de l’ONU ;
  • Mesdames et Messieurs les représentants des organisations régionales et internationales ;
  • Mesdames, Messieurs.

Je tiens tout d’abord à remercier le Président de la République Française, la Chancelière de la République Fédérale d’Allemagne, le Premier Ministre du Gouvernement d’Union Nationale de Libye, le Président du Conseil des Ministres italien et le Secrétaire Général de l’ONU, d’avoir pris l’initiative de cette importante conférence sur la Libye.

Le Tchad salue l’engagement et la forte mobilisation de la communauté internationale aux côtés de la Libye pour faciliter une sortie de crise, sous l’égide des Nations Unies.

Il me plait à cet égard de noter que l’appropriation du processus par les Libyens et le rôle primordial qu’ils doivent jouer dans le règlement de la crise, sont de plus en plus reconnus et soutenus. Plus la communauté internationale est unie et parle le même langage, plus il sera facile d’aider les Libyens à en faire de même.

Le chemin parcouru depuis l’Accord permanent de cessez-le-feu, signé à Genève, le 23 octobre 2020 et la première conférences de Berlin, en passant par l’adoption de la feuille de route, le 15 novembre 2020, la formation du Conseil présidentiel et du Gouvernement d’Union Nationale, est extrêmement important.

Ces avancées majeures sous-tendues par l’engagement des acteurs libyens à mettre en œuvre les résolutions 2570 et 2571 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, doivent accélérer le processus politique en vue de tenir, dans les meilleurs délais, les élections présidentielles et législatives.

Dans cette perspective,  il convient de rappeler l’impérieuse nécessité de renforcer l’unité de la Libye, le respect de sa souveraineté et son intégrité territoriale. Cela implique également l’édification rapide d’une armée nationale et le rétablissement de l’autorité de l’État pour une stabilisation durable de ce pays.

Dans le même élan, un accent particulier doit être mis sur la mise en œuvre effective des résolutions 2570 et 2571 du Conseil de sécurité et des conclusions des conférences de Berlin 1 et 2, ainsi que sur le respect strict de l’accord de cessez-le-feu sous la supervision du Comité conjoint 5+5 et de l’équipe de surveillance internationale.

A cet effet, nous en appelons, une fois de plus, toutes les parties prenantes libyennes au sens élevé de responsabilité pour mettre l’intérêt supérieur de leur pays au-dessus de toutes considérations partisanes.

La solution à la crise libyenne est entre les mains des Libyens eux-mêmes. La conférence sur la stabilisation de la Libye, tenue le 21 octobre dernier à Tripoli, à l’initiative du gouvernement libyen, est une éloquente démonstration de la capacité des Libyens à prendre le leadership du processus politique en vue de sortir leur pays de la crise. Nous félicitons nos frères libyens pour le succès de cette initiative et les encourageons à tout mettre en œuvre pour rétablir la paix et la stabilité dans leur pays. Le soutien du Tchad ne leur fera jamais défaut.

Excellences ;

Mesdames et Messieurs.

La crise libyenne a des conséquences régionales dévastatrices pour les voisins que nous sommes et plus largement pour le Sahel. Depuis quelques années, le Tchad faisait l’objet des attaques récurrentes par des assaillants lourdement armés en provenance du sud libyen.

L’agression armée dont le Tchad a été la cible, entre les 11 et 29 avril dernier, a coûté la vie à l’ancien Président, feu IDRISS DÉBY ITNO, tombé sur le champ d’honneur en défendant son pays. Cette agression a failli basculer le Tchad dans un chaos sans précédent, sans compter les risques réels d’une vaste déstabilisation régionale que cela aurait pu entrainer.

Le sud de la Libye sert encore et toujours de repaire des groupes terroristes, des mercenaires et des trafiquants de drogue, d’armes, des munitions et d’êtres humains. L’assassinat du Président DÉBY et l’ampleur des trafics illicites en cours dans cette partie de la Libye, sont révélateurs de la menace que représente la présence des mercenaires et des bandes étrangères armées sur le sol libyen.

C’est pourquoi, le Tchad ne cesse de rappeler l’impérieuse nécessité de bien encadrer le retrait de la Libye des mercenaires et combattants étrangers. Nous sommes conscient de l’urgence d’examiner les modalités de départ des ressortissants des pays voisins au Sud de la Libye, recrutés, formés et armés pour servir des supplétifs aux factions libyennes.

Tout en souscrivant au retrait immédiat de Libye de tous les mercenaires et combattants étrangers, pour stabiliser ce pays frère, le Tchad souligne au même moment qu’un départ précipité et non-encadré de ces groupes mettra en péril la sécurité et la stabilité de nos pays. D’où l’urgence de créer les conditions d’un retrait sans menace pour les pays voisins.

Dans cette optique, le Tchad réitère avec insistance la nécessité de mettre en place, sous l’égide des Nations Unies et de l’Union Africaine, un dispositif international de supervision et de coordination du retrait des mercenaires, comprenant les représentants des pays voisins au sud de la Libye.

Ce dispositif vise essentiellement à identifier, recenser, cantonner, désarmer et définir les modalités et calendriers des mercenaires et groupes armés irréguliers devant retourner dans les pays voisins concernés.Les détails liés à leur acheminement et accueil pourront être définis par le dispositif de supervision en accord avec les autorités libyennes compétentes et celles de chacun des pays voisins concernés.

Le Tchad est aussi disposé à engager des discussions pour explorer  d’autres options susceptibles de prendre en compte les impératifs sécuritaires et compatibles avec l’Accord quadripartite, signé en mai 2018, sur la supervision et la sécurisation des frontières communes entre la Libye, le Niger, le Soudan et le Tchad.

Je tiens à réaffirmer notre engagement à mettre en œuvre cet accord et souligner son importance pour tous les pays signataires. Je saisis l’occasion qui m’est offerte pour solliciter l’appui de nos partenaires dans nos efforts visant à mettre en application cet important instrument de coopération. La mise en œuvre effective de cet accord pourrait aider à apporter des réponses à la plupart des préoccupations relatives aux modalités de retrait et d’accueil dans les pays voisins au sud de la Libye.

Excellences ;

Mesdames et Messieurs.

Pour conclure, je tiens à souligner, une fois de plus, que la solution à la crise libyenne ne peut venir que des Libyens eux-mêmes en s’appropriant le processus politique sans ingérences extérieures. La communauté internationale se doit de les accompagner dans leur engagement en faveur du dialogue et de la réconciliation nationale en vue de reconstruire leur pays dans la paix, la stabilité et la prospérité.

En tant que pays voisin et frère, le Tchad ne ménagera aucun effort pour apporter sa modeste contribution à cet effort collectif et, réaffirme par ma voix sa solidarité avec la Libye dont la sécurité et la stabilité sont intimement liées à celles de notre propre pays.

Je vous remercie de votre aimable attention.