Allocution du PCMT à la réunion mensuelle sur la Sécurité

  • MONSIEUR LE VICE PRÉSIDENT DU CONSEIL MILITAIRE DE TRANSITION
  • MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE
  • MESSIEURS LES MEMEBRES DU GOUVERNEMENT 
  • MESSIEURS LES DIRECTEURS GENERAUX DE GRANDES FORMATIONS DES FORCES DE DEFENSE  ET DE SECURITE ;
  • MESDAMES, MESSIEURS.

A l’entame de ma communication à cette réunion mensuelle de sécurité, qui intervient dans une conjecture sécuritaire marquée par des débordements et des failles, je voudrais rappeler, sommairement, à chacun de vous, que le Conseil Militaire de Transition s’est engagé, devant le peuple tchadien, à tout mettre en œuvre, dans cette phase sensible de transition en vue de :

  • Assurer le fonctionnement optimal des services de l’Etat à tous les niveaux ;
  • Consolider la paix, l’unité, la justice et les libertés fondamentales;
  • Garantir la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire ;
  • Défendre l’intégrité territoriale et la souveraineté internationale de notre pays ;
  • Conduire une transition inclusive, consensuelle et exemplaire ;
  • Préserver les acquis démocratiques, politiques et sociaux. 

Pour traduire dans les faits ces engagements pris en matière de la préservation de la sécurité des personnes et des biens, le Conseil Militaire de Transition a procédé au renforcement des Forces de Défense et de Sécurité en termes d’effectifs,  de formation et d’équipements pour qu’elles puissent remplir leur mission dans les conditions appropriées.

Dans le même élan, le Conseil Militaire de Transition a entrepris une réforme historique et multiforme pour améliorer les conditions de vie et de travail des membres des Forces de Défense et de Sécurité, a renforcé la mission de la Commission de Désarmement des Civils et a ordonné la levée des barrières anarchiques sur l’ensemble du territoire national.

Parallèlement aux efforts consentis pour garantir la sécurité et fidèle à ses autres engagements, le Conseil Militaire de Transition s’est inscrit dans une dynamique de soutien en faveur de l’appareil  judiciaire, de promotion de la réconciliation nationale et de valorisation des libertés individuelles, en prônant constamment une politique de main tendue, de réconciliation, d’ouverture et de tolérance qui a conduit à :

  • L’autorisation de création et de fonctionnement de nouveaux partis politiques ;
  • La levée des interdictions des manifestations et des marches pacifiques ;
  • L’ouverture de l’accès aux médias publics aux acteurs politiques de toutes les sensibilités ;
  • L’accord de l’amnistie générale à tous les condamnés politiques et d’opinion ;
  • La restitution aux ayants droit de tous les biens privés confisqués pour des raisons politiques,
  • La signature d’un pacte social avec les leaders syndicaux.

Cependant, force est de constater que les efforts fournis, qui ont permis la levée des restrictions imposées sur les marches et les manifestations pour promouvoir les droits fondamentaux et les libertés publiques et consolider l’État de droit, sont loin de donner les résultats escomptés.

En dépit des efforts déployés, les fruits n’ont pas tenu la promesse de fleurs comme en témoigne, malheureusement, l’actualité éloquente de ces derniers jours, sur la manipulation de la fibre ethnique, l’encouragement du repli identitaire, l’accroissement de la haine communautaire et la récurrence des conflits intercommunautaires qui s’éteignent ici pour s’allumer là-bas. 

Il est temps que cela cesse. Il est temps que cesse également les allégations mensongères et sans aucun fondement qui circulent sur le redéploiement des forces françaises à l’intérieur du pays ou l’envoi des forces tchadiennes au Yémen.

Ceux qui font de la division, de la haine, de la violence, du mensonge et du tribalisme un fonds de commerce politique doivent cesser. Cette pratique égoïste constitue un frein majeur à la construction d’un Tchad uni, réconcilié, fort et havre de paix. 

Les médias, les hommes politiques, les leaders religieux, les notables traditionnels, les acteurs syndicaux et les associations de la société civile doivent contribuer à contrecarrer le commerce du mensonge qui a atteint son paroxysme.

Dans la même foulée, l’amalgame entre marcher pacifiquement pour exprimer une opinion dans le respect des règles et marcher pour causer des troubles à l’ordre public et procéder à des actes de vandalisme doit être levé.

En effet, la marche est une grande responsabilité au même titre qu’elle est un droit fondamental. Elle doit être strictement soumise à des règles bien définies et comprises par tous.

Les droits impliquent des devoirs. Le non-respect des règles qui définissent les droits et les devoirs, des uns et des autres, doit être établi et soumis immédiatement à la rigueur de la loi.

Que cela soit dit, clairement, nul n’a le droit de saccager le moindre bien appartenant à un paisible citoyen, sous quelconque prétexte que ce soit ! Nul n’a également le droit de porter préjudice aux avoirs des étrangers qui vivent légalement au Tchad, ni à ceux des pays amis et frères qui ont fait le choix d’investir dans notre pays.    

Les pillages, les incendies et les troubles à l’ordre public sont inadmissibles. Le gouvernement est fermement instruit à l’effet de d’appliquer la loi dans toute sa rigueur.

A cet égard, le Conseil Militaire de Transition félicite les Forces de Défense et de Sécurité pour la marque de professionnalisme et d’abnégation dont elles ont fait preuve dans la gestion des manifestions et pour leur apport quotidien dans la sécurisation de notre pays.

Je voudrais également appeler les magistrats et plus largement tous les acteurs de l’appareil judiciaire, à jouer pleinement et entièrement leur rôle face aux dérives de ceux qui piétinent les lois, sement les troubles et attisent les conflits intercommunautaires. Force est à la loi et à elle seule.    

Le Conseil Militaire de Transition est pleinement conscient de tous les problèmes socioéconomiques qui minent la société tchadienne et comprend parfaitement les aspirations légitimes de ceux qui aspirent à l’émergence d’un Tchad meilleur pour tous, débarrassé de tous les maux et résolument tourné vers le développement intégré et durable.

C’est pourquoi, nous sommes engagés à organiser un Dialogue National Inclusif qui offrira un cadre idoine, légitime et représentatif pour discuter librement, sereinement et ensemble de tous les problèmes qui ont émaillé la vie de notre nation.

Ne nous trompons pas. Ne cherchons pas ailleurs. N’allons pas loin. Nos problèmes sont des problèmes nationaux et ils émanent de nos propres manquements cumulés qui doivent être corrigés.

La tenue d’un Dialogue sincère, franc et inclusif est le premier pallier à franchir dans notre marche résolue vers un avenir radieux pour notre cher et beau pays.

Que Dieu bénisse le Tchad

Je vous remercie