6ème Sommet UA-UE : Déclaration du Chef de l’Etat à la table -ronde « Education, Culture et Formation Professionnelle Migration et Mobilité »

Messieurs les Co-présidents ;

Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,

Le thème relatif à l’éducation, la culture, la formation professionnelle et la migration, qui met au centre la problématique de la jeunesse et de la qualité des ressources humaines, résume à lui seul la majeure partie des enjeux du partenariat entre nos deux continents.

L’Afrique dont la population est à plus de 60% constituée des jeunes doit tout mettre en œuvre pour apporter des solutions durables aux défis liés à cette thématique en investissant dans la jeunesse. Aucune société ne saurait se développer sans ressources humaines de qualité et adaptée aux besoins.

Les difficultés des jeunes africains sont diverses et nombreuses, et varient selon les régions. Mais elles se résument en grande partie à la pauvreté, au chômage, au manque de formation ou de qualification adaptée et à la montée des inégalités sociales.

La plupart des enfants quittent l’école sans terminer le cycle secondaire. Ceux d’entre eux qui arrivent à finir leur cursus ont des difficultés à s’insérer dans la vie active, faute des compétences conformes aux besoins de la société. D’où la nécessité de mettre l’accent, dans le cadre de notre partenariat, sur une réforme du système éducatif en vue d’améliorer l’orientation professionnelle et de mettre en adéquation le système éducatif avec les exigences du marché du travail.

Des investissements massifs et ciblés dans l’amélioration de la qualité de l’éducation, la formation en liaison avec l’emploi, la promotion de la recherche et de l’innovation, le développement de la technologie et de l’économie numérique, contribueront à rendre les jeunes autonomes, compétents et maîtres de leur destin.

En faisant cela, nous contribuerons aussi à réduire le flux migratoire vers l’Europe  et à mettre un terme aux tragédies répétitives de noyades des jeunes africains dans la Méditerranée.

Les pertinentes recommandations faites à ce sujet lors du 5ème Sommet UA-UE tenu à Abidjan, en novembre 2017, n’ont malheureusement pas connu un début d’exécution. 

Dans le même élan, nous appelons à la mobilisation des investissements dans des secteurs à valeur ajoutée ayant un potentiel plus élevé de création d’emplois comme l’agriculture, l’agro-industrie, l’énergie, l’industrie numérique et les infrastructures en tenant compte des priorités retenues par l’Union Africaine dans le cadre de ses différents programmes de développement du continent.

Nous demeurons convaincus que la meilleure façon de lutter contre la migration clandestine est de créer les conditions permettant aux jeunes africains de se prendre en charge chez eux. Les méthodes coercitives, la fermeture des frontières et autres procédés destinés à dissuader ces mouvements migratoires ont largement montré leurs limites.

Dans le domaine de la culture, l’Afrique a beaucoup à partager avec le reste du monde. De par sa diversité culturelle et ses richesses artistiques et l’originalité de ses sites touristiques dont certains sont inscrits ou en voie d’être inscrits au patrimoine de l’humanité, a beaucoup à offrir dans ce domaine.

La redynamisation du partenariat entre l’Afrique et l’Europe nous semble devoir aussi passer par la restitution à l’Afrique de ses biens culturels se trouvant en Europe, et par un soutien plus conséquent aux initiatives prises dans le cadre de la Fondation culturelle créée par l’Organisation des États d’Afrique, Caraïbe, Pacifique (OEACP), à travers l’Accord de Georgetown révisé, pour valoriser ces richesses culturelles. Celles-ci peuvent également offrir d’importantes opportunités d’emploi aux jeunes.

Pour conclure, nous tenons à rappeler l’impérieuse nécessité de mettre en œuvre les engagements que nous prenons de part et d’autre dans le cadre de nos Sommets conjoints et de se doter, pour ce faire, des mécanismes d’évaluation périodique de nos décisions pour nous permettre d’avancer ensemble vers les objectifs que nous nous fixons.

Je vous remercie de votre bienveillante attention.